L'abaque
Le 100 boules
Le plateau des 66 blocs
La commission pédagogique est allée enquêter dans l'école pour vous proposer des focus sur la mise en pratique de la pédagogie de l'école. Retrouvons ici ces focus.
Hélène nous ouvre aujourd’hui la caverne d’Ali Baba de sa classe ! Quels trésors y trouve-t-on ? Les différents types de matériels pédagogiques permettant de découvrir les mathématiques ! Tout part d’une conviction : afin que ces abstractions que sont les mathématiques aient du sens pour les enfants, il est nécessaire qu’ils se les approprient. Pour cela, rien de tel que la manipulation, le rapport sensoriel, corporel à des objets matériels. La conscience de l’abstraction émerge peu à peu de cette pratique.
Dans la caverne d’Hélène, on trouve des matériels anciens en bois utilisés par des générations d’enfants de l’école nouvelle mais aussi d’autres, plus récents, en plastique qui n’ont pas moins de succès ! Comme on le verra, tous ne sont pas portés par la même conception de la pédagogie. Partons de quelques exemples ! Parmi les matériels anciens, Hélène aime particulièrement utiliser « les abaques », « le cent boules » et « le plateau des 66 blocs » (ou « les barres »), tous conçus dans le cadre de la Maison des Petits à Genève (Institut J.-J. Rousseau) par Mina Audemars et/ou Louise Lafendel.
L’abaque est constitué de 10 tiges verticales de taille croissante. A côté sont disposées 55 boules de couleur. Les enfants, par groupe de deux, peuvent s’en saisir à leur guise. Ils explorent les usages que l’on peut en faire et se l’approprient différemment en fonction de leur maturité. Plusieurs stades d’usages se dégagent. Au départ, les enfants disposent les boules un peu n’importe comment ; puis ils les regroupent par couleurs à la verticale ; certains les comptent. En comptant, ils se rendent compte que le nombre de boules de chaque couleur est variable. Plus tard, ils font des lignes horizontales de couleurs et même des diagonales. Hélène ne donne pas de consigne, observe les pratiques des enfants. Elle pose de temps à autre des questions (« y a-t-il une autre façon de mettre les boules ? »), mais n’impose rien. Elle assiste à l’évolution des enfants et à la maîtrise progressive de la pratique du dénombrement.
« Le 100 boules » est un dispositif en bois hérissé de cent tiges sur lesquelles on peut placer 100 boules de 10 couleurs différentes. Ce matériel repose sur le même principe. On y apprend l’arrangement, l’organisation, les diagonales. Hélène demande de temps à autre aux enfants de dessiner les arrangements qu’ils ont réalisés afin d’apprendre à maîtriser le passage de trois à deux dimensions.
« Le plateau des 66 blocs » est composé de barres graduées en unités et qui sont de tailles différentes (de 1 à 20 unités). Au départ, les enfants font des constructions à plat, par la suite en hauteur. Ils apprennent les sériations en faisant des escaliers par exemple. Hélène donne parfois des contraintes comme celle de bâtir un mur haut de 3 barres horizontales et comportant 2 ouvertures. Ici aussi, le tâtonnement est le point de départ, et petit à petit les enfants s’approprient le matériel et les abstractions. Ranger les barres fait partie de l’exercice et est loin d’être une tâche aisée ! Hélène utilise ces matériels au moins une fois par semaine avec des demi-groupes et pendant trois quart d’heures environ. Certains enfants sont capables de rester des heures sur un même matériel. Hélène peut ainsi observer l’autonomie des enfants, leurs interactions (tantôt ils choisissent l’enfant avec lequel ils vont interagir, tantôt Hélène regroupe volontairement des enfants dont la maturité sur ce point n’est pas la même). Elle apprécie particulièrement le fait que ces matériels valorisent le tâtonnement, laissent la place à des usages variés. Hélène utilise aussi du matériel Montessori comme les cylindres qui permettent de faire des sériations et qu’à la fin on peut pratiquer les yeux fermés. Mais ces matériels pédagogiques ont un objectif plus limité : ils ne prévoient qu’une seule solution et favorisent donc essentiellement l’entraînement. C’est aussi le cas des Picasco (qui ne sont pas du matériel Montessori) qui nécessitent d’imaginer quelles superpositions supposent les formes à reproduire.
Les enseignants usent de ces outils de la petite à la grande section, parfois encore en CP. Petit à petit, les manipulations s’accompagnent d’une prise de conscience cognitive des opérations, signe que les enfants s’approprient les abstractions mathématiques. Des concepts peuvent ainsi être introduits (paire, impaire, verticale, horizontale, diagonale…).
Parmi les matériels qui ont un grand succès : les polydrons ! Grâce à ces polygones en plastique dur qui s’articulent par une pression des charnières, les enfants travaillent la manipulation fine, explorent l’espace « à plat », mais aussi en trois dimensions : vos enfants construisent ainsi de superbes pyramides à bases triangulaires ou carrées dont ils peuvent dénombrer les faces.
Avouez, vous êtes jaloux !
Une interview d'Hélène par la commission pédagogique.
Il s'agit d'une instance de décision constituée de deux délégués de chaque classe à partir de la grande section et animée par un enseignant. Le conseil se réunit tous les 15 jours et s'occupe de sujets qui concernent toute l'école :
Les délégués sont élus au sein de chaque classe pour une période limitée (en général 1 mois 1/2). Ils relaient les problèmes, questions, propositions évoqués lors du conseil de classe et font un retour à leur classe des décisions prises en conseil d'école. Lorsque c'est nécessaire, ils organisent en classe un vote sur une proposition du conseil d'école et font alors un retour des résultats du vote au conseil suivant.
Les enfants communiquent de façon privilégiée avec le conseil d'école par la voie des délégués. Ils peuvent également écrire dans le cahier du conseil d'école, qu'on trouve dans toutes les classes à partir du CP, ou parler avec leur enseignant.
Le conseil d'école est un outil d'intelligence collective qui permet aux enfants de s'approprier l'école et d'y être des acteurs significatifs. Voici ce que certains élèves de l'école en disent :
Merci à Jovanka, Odile, Rémi, Rose, Elisa, Nils et Tiago d'avoir contribué à la réalisation de cet article.
Odile et Valérie font régulièrement un atelier cuisine, tous les 15 jours environ. Elles sont aidées par une maman ce qui permet d’accompagner les enfants en petits groupes. Sont cuisinés aussi bien des plats salés que sucrés, comme des boulettes de lentilles au fromage de chèvre, une tarte aux pommes, un jus de fruit.
Grâce à cet atelier cuisine, de nombreuses notions sont abordées autrement :
Pour les maternelles, Valérie et Odile utilisent les images. Les enfants devaient remettre dans l’ordre les images de la recette.
L’année dernière, les restes allaient dans le lombri-composteur. Ils ont également planté dans le jardin et les enfants ont ramené des plants. Ont-il mangé ce qui a poussé ? En tout cas, le cycle était complet.
Les enfants apprécient ce moment car ils manipulent, c’est ludique. Ils utilisent les balances Roberval avec les poids. Ou les verres mesureurs. Ils découvrent différents ustensiles de cuisine (batteur, couteau, presse jus). Ils vont également faire les courses : liste des courses, coût, repérage dans la grande surface.
Différentes techniques, apprentissages, différentes saveurs, d’agréables odeurs, de nombreux plaisirs !
Merci à Judith et Valérie pour ces explications.
En voilà une institution dont nous avons tous entendu parler sans nécessairement être très au clair sur ce dont il s’agit. Marie-Geneviève nous a orienté vers Stella (CM1), Clara et Louane (CM2).
Merci à Wolf et Marie-Geneviève d'avoir recueilli ces témoignages.